vendredi 21 janvier 2011

Nymphe à vue hivernale ....

Si il y a bien un truc qui m'hypnotise, c'est de contempler le comportement des poissons à l'écho. L'hiver dernier j'avais profité d'une session de pêche des salmonidés à l'imitation de chironomes pour réaliser quelques captures d'écran. Je profite d'avoir un moment pour vous livrer quelques clichés interprétés.

Pour le contexte, il s'agit d'une pêche fine qui consiste à animer légèrement des imitations de larves de chironomes qui émergent en masse sur les lacs alpins en février/mars. A cette période de l'année, les  ressources alimentaires sont rares et ces émergences constituent le premier "banquet" de l'année. Les poissons principaux qui s'en nourrissent sont les ombles et les féras, suivi parfois de perches, gardons, et plus exceptionnellement de truites. La profondeur de pêche dépend  des émergences; ce jour là ça se passait entre 40 et 45 m.

Voilà ce qu'on peut observer en arrivant au dessus de féras qui s'alimentent:



L'écran est séparé en deux, à droite c'est l'affichage normal et à gauche c'est le zoom x4. L'affichage de gauche correspond au cadre qui figure sur l'affichage de droite. Il y a quelques parasites car je me stabilise au moteur électrique et que celui-ci est sur la même batterie.




La prise d'alimentation des féras lors d'une émergence de chironomes est très caractéristique. On observe le poisson monter, saisir une nymphe, puis redescendre. Ca ressemble un peu au comportement d'un ombre qui nymphe.
Les poissons restent la plupart du temps au fond, à proximité des émergences. Sur la capture du dessus on observe 3 poissons qui s'alimentent sous la sonde, deux ont saisis une nymphe à quelques secondes d'intervalle, reproduisant exactement le même "schéma".
Bon y'a plus qu'à descendre la ligne. J'ai environ 10 hameçons de 16 sur une gambe. Le tout est lesté par un plomb arlesey de 10 g.
L'action consiste à poser le plomb au fond et de simuler la montée de la nymphe.

Capture en live:




Le poisson monte, saisit très probablement la nymphe en haut de la courbe puis commence à redescendre. La perception de la touche se fait lors de la redescente du poisson, ferrage et remontée du poisson !
C'est étonnant de constater le temps de perception de la touche alors que j'avais vraiment l'impression de ferrer immédiatement. Ça laisse quand même pas mal de temps au poisson de recracher. On voit le plomb qui décolle du sédiment et suit le poisson à la remontée.

Ci-dessous le dit poisson :




Une petite féra !

Ci-dessous une autre séquence similaire mais on ne perçoit à l'écran que le poisson qui redescend après avoir pris la nymphe, puis le ferrage et la remontée du poisson.




Idem mais on a l'impression ici que le poisson "sort" du fond. En fait ce poisson était proche du fond, dans la zone d'ombre du sondeur et n'est apparu à l'écran que lorsqu'il est monté pour prendre la nymphe.
Avant la touche il n'y avait pas de poisson à l'écran.


Sur les captures suivantes je suis dans un secteur relativement pentu et donc la zone d'ombre est importante. Je ne vois pas les poissons à l'écran mais des ombles se nourrissent également. Dans ces conditions, je pêche "sous" la ligne de fond et les poissons n'apparaissent que lorsque je les remonte. C'est d'autant plus fréquent que les ombles font des mouvement verticaux moins amples.
Souvent même, il saisissent la nymphe à ras du fond, à leur niveau.







C'est un peu ce qu'on voit ci-dessous ... ça fait un fouilli sans mouvements ascendants.




Manqué ! le poisson à qui j'ai gratté les dents redescend se placer sur le fond.


Sur la capture ci-dessous on voit nettement un autre poisson qui a suivi son congénère sur quelques mètres ... j'ai peut-être raté mon broc :)


Enfin une petite série de décompressions de vessie natatoire.







On voit nettement le poisson monter puis à partir d'un moment, des bulles d'air sont libérées de la vessie natatoire ce qui crée ces "cônes" de bulles. Les féras dégazent sans problème et presque toujours complètement. Contrairement aux idées reçues, les ombles dégazent aussi mais la vessie reste tendue lors de l'arrivée en surface c'est pourquoi il est parfois nécessaire de terminer le dégazage si l'on souhaite relâcher le poisson.




Remise d'un poisson à l'eau ....

10 commentaires:

  1. Super comme article, c'est trop de voir les suivis sur l'écran ^^.
    ++

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  2. Content que ça plaise au moins à quelqu'un :)
    J'adore pêcher à vue, c'est instructif ... je prendrais peut être plus de photos des choses sympa que je vois sur le sondeur

    ++

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  3. Salut Quentin, effectivement c'est super intéressant. Ton échosondeur est quand même ultra précis...

    Peux-tu nous en dire plus sur "finir le dégazage" des ombles. C'est le problème que je rencontre sur des sandres pêchés beaucoup moins profonds, à environ 15m.

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  4. J'ai rien compris moi... du coup, j'ai envie de vomir! ;)

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  5. jojo:

    L'omble dégaze naturellement par l'oesophage mais en général, en arrivant vers la surface, le gonflement de la vessie natatoire empêche le dégazage par celui-ci. Il suffit juste de glisser dans l'oesophage une fil
    de fer plié en deux pour le maintenir ouvert et permettre ainsi la fin de l'évacuation du gaz. Ce n'est pas blessant.

    Par contre, le sandre et la perche ont une vessie natatoire close qui ne comunique pas avec l'oesophage et donc il n'est pas possible de dégazer un poisson sauf à l'aide d'une manip délicate appelée "fizzing". Elle consister à percer la vessie à l'aide d'une aiguille creuse.

    Il y a un sujet en cours la :

    http://www.achigan.net/msgforum.php?id_sujet=19631&debut=0&nb=20

    Q-blanc:

    j'ai hésité à mettre des flèches pour les b****
    :-p

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  6. En effet, très instructif!
    Après faudrait y voir sur le terrain pour vraiment assimiler tout cela...


    Alexlechiro

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  7. ces clichés me rapellent quelquechose!!!

    Merci pour tes explications et ton chocolat chaud!!

    a bientot!

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  8. Salut Quentin,

    Tu m'avais pas dit tout ça mon cher! Superbe analyse de terrain. Je ne te connaissais pas autant de maîtrise ichtyologique. Mais je suis naïf. J'admets : je ne t'arriverai jamais à la cheville.
    Pour apporter un peu de ma science (qui comme chacun le sait est comparable à la confiture...)
    Les percidés font partie des physoclistes, ce qui les empêche de dégazer. En fait ils perdent leur canal pneumatique très jeune et gèrent les gaz par les vaisseaux sanguins qui entourent la vessie. En fait il faudrait 12h pour remonter une perche de 40 m de fond sans la pratique du fizzing. Pour les amateurs, le fizzing est risqué si on maitrise mal l'anatomie des poissons. Risque de toucher la ligne latérale, ou pire les reins!
    Si la vessie sort par la bouche, c'est un peu plus facile. ça arrive chez la lotte.
    L'aiguille en diamètre 0,3 mm d'une seringue est parfaite pour vider la vessie qui sous pression se videra toute seule jusqu'à équilibre des pressions.
    En tout cas merci pour ton analyse, c'est grandiose. A+
    Djé

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  9. Quand je pense que j'ai cherché ces infos pendant un moment alors que tu connais tous ça très bien et que tu habite environ 2 m sous mon ordi :-)
    Ca m'apprendra à ne pas te demander ... :-)

    Pour le reste, l'interprétation d'un échosondeur n'est pas bien compliqué, passé quelques bases de démarrage.

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