"C'est pas possible !"

"c'est pas possible ... truc de ouf ... tu te rends compte ?" seront les leitmotivs de cette seconde journée sur le Léman.

Guillaume devait m'accompagner mais un imprévu professionnel l'empêche d'être avec moi dans le bateau. Il était abattu quand je lui ai donné les résultats de la sortie précédente ... Guillaume ne lit pas ce post ...

C'est donc Nass qui se laisse tenter par la place vacante ... j'ai pas trop eu à insister !
Le programme ressemble un peu au précédent, une bordure à petits poissons pour se faire la main, une grosse part de prospection sur la matinée pour rejoindre en après-midi le secteur qui nous a réussi (avec Greg) la sortie précédente. Je préfère ne pas partir directement sur les secteurs connus pour des raisons de timing ... être trop tôt sur un post, c'est parfois le tuer sans l'exploiter correctement.

On commence donc "tranquillement" par un secteur qui m'a fourni pour le moment que des petits poissons et beaucoup de manqués ... ça ne change pas. Ca permet de se faire la main et de vérifier qu'ils sont vraiment pénibles ces petits poissons. On doit rater 4 touches sur 5 ... voir pire, 8 touches sur 10 ! (rire, c'est une blague)

Je vous laisse aprécier le style inimitable de Nass pour présenter un poisson à l'appareil

On ne s'éternise pas mais ça permettra d'être plus patient par la suite car je pense qu'on va prospecter un secteur où les touches seront plus rares.

Pourtant à peine démarré, la première touche intervient ... c'est du lourd ! Comme à chaque fois avec les beaux poissons, je stoppe la dérive et mets l'ancre électronique.

J'annonce "poutre" ... mais non, c'est plutôt un "parpaing"

Il fait à peine 90 mais semble plus taillé pour l'embuscade que pour la chasse à cours. On reprend tranquillement sur les mêmes bases et c'est au tour de Nass d'être attelé ! 

C'est une poutre ... une vraie celle-là ! Nass est comme un fou, il bat probablement son record. Alors que je le saisis dans l'eau et le pose sur le bateau, il tourne la tête et me mord le genou ! Il m'en veut je le vois bien. Je serais obligé de lui faire ouvrir la gueule pour qu'il lâche prise et le mesurer ...

102 ! Nass est aux anges, enfin un mètré pour lui.

Concernant les souvenirs moi il me reste des trous dans mon short et quelques menues blessures.

Finalement, ce nouveau secteur est plus que validé. Je prendrais deux autres poissons entre 70 et 80 un peu plus loin avant de lâcher le poste.

La batterie de mon appareil photo commence à montrer des signes de faiblesse. Je rationne ...

Sur le coup de midi, on change de secteur et on reprend le parcour de jeudi. La pente raide nous ayant fournie des petits poissons j'attaque la dérive plus au large mais rien ne change sinon que le taux de réussite est meilleur. Après 5/6 petits poissons on se décide à manger avant d'attaquer les choses sérieuses.

On bouffe trop ... et c'est avec le ventre lourd qu'on attaque.

La pêche démarre plus doucement que la fois précédente mais on commence à prendre des poissons entre 70 et 80. Un superbe poisson à la robe tigrée (dont j'ai oublié les mensurations ...entre 90 et 100 à priori) vient pimenter la fête.

Je ne comprends rien à ces poissons du Léman, des ultras courts et gras, des fins et allongés, des très colorés, des ternes ...

"c'est pas possible ... truc de ouf ... tu te rends compte ?"

L'euphorie commence vraiment à se faire sentir, à chaque touche le carbone plie. Les poissons mesurent entre 70 et 85 ... on ne prend plus de photos, on pêche !

"c'est pas possible ... truc de ouf ... tu te rends compte ?"

La pluie commence à tomber sérieusement, puis le vent se lève et l'orage gronde. Comme les feux de tempête se mettent à clignoter, je préfère qu'on se mettre à l'abri à coté de la mise à l'eau ... le temps de voir.

On essaie de pêcher tant bien que mal dans les vagues, trempés jusqu'aux os, et on commence à envisager sérieusement de rembaler, d'autant qu'il est déjà 19 h bien tassé.

Après un moment d'hésitation, le vent se calme et le temps s'éclaircit. On repart pour un tour des postes accéléré. Le premier donne rien, alors qu'on arrive sur le second, il nous reste 40 mn de pêche max avant la nuit, il fait déja sombre.

A la mi-journée, un broc m'avait planté une canine dans l'articulation du pouce droit  qui est maintenant gonflé et je commence sérieusement à douiller. Après avoir ficelé Nass lors un lancer mal maitrisé, je renonce à pêcher en casting et je ressors une canne spinning.

Quelques lancés seulement après être arrivé sur le poste, et c'est le bouquet final ! je prends une tape sèche ... ferrage très haut ... trop même, le fil s'enroule dans les anneaux..

ARGH ! p**** de spinning! j'essaye de secouer le scion, fil détendu comme à la mouche mais ça ne marche pas, je veille à ne pas tirer sur le fil pour que le combat ne commence pas pendant que Nass démêle le bout ... dès que c'est fait, je ravale le mou et re-ferrage, c'est encore au bout et ça poutre !

Après une superbe combat, je monte le broc  .... 108 ! p*** et même plus d'appareil, celui de Nass HS, son portable plus de batterie non plus, reste le mien mais je ne suis pas sur qu'il fasse quelque chose de correct ... mais finalement le résultat n'est pas si mal.

Bon ok, c'est moche mais bon ....

Je relance deux coups ..... et re-belote ! on est comme des dingues, des rush à n'en plus finir, puis finalement en plein rush ... la ligne cède !? Merde ... c'est le première fois que ça m'arrive. Je remonte ma ligne et je m'apperçois que le 70° est éraillé par les dents du broc et a cassé ...

"c'est pas possible ... truc de ouf ... tu te rends compte ?"

Ca reste l'euphorie dans le bateau ... quelques lancés  plus tard, le carbone plie encore une fois et c'est au tour de Nass.

91 !

Quelques minutes plus tard Nass est à nouveau pendu mais "c'est un petit" ... Bha oui, 80 Nass ! ... On s'habitue vite ;-)

On ne traine pas "dès fois que". Mais ce sera la fin .... dans le noir.

Cette journée de pêche nous parait complêtement abstraite ... on tente un décompte et on arrive à 8 ou 9 brochets de plus de 80 et une ribanbelle de 70 +. Quatres métrés sont passés par là, 108, 102, une casse, un décroché ... Le pire c'est l'impression persistante qu'il y en avait encore sous la pédale.

"- c'est pas possible ... truc de ouf ... tu te rends compte ?"

- Et si on avait décidé de rentrer ! quand on était trempé !

- purée .. faut jamais lâcher ..."

C'est la première fois que je suis complêtement couvert de mucus en rentrant de pêcher le broc ... le bateau pas mieux ... je ne dormirais pas mieux après ... qu'avant.

Ps: Guillaume, repose cette corde ...